Au coeur de l'horreur

Carnage Park

Synopsis

1978, Vivian se retrouve prise en otage après un braquage de banque foireux organisé par deux malfrats. Ils prennent la fuite dans le désert et tombent à Carnage Park, un endroit isolé et sauvage occupé par un sniper vétéran déjanté et complètement barré. Celui-ci va les prendre en chasse avec tout le sadisme et la cruauté qui l’habitent.

Critique

En cette période post-examens plus qu’à aucune autre période de l’année, il est bon de souligner les réussites de nos jeunes étudiants. Suivre des règles, appliquer des méthodes, s’inspirer de réussites pour écrire l’avenir. Cela demande de l’abnégation, du courage et un brin de folie. Et le Carnage Park de Mickey Keating s’inscrit parfaitement dans cette logique. Ah bon ? Certes, il ne faut pas tout confondre : le scolaire contre le manque d’imagination, ou encore l’auto-satisfaction contre la peur de l’inconnue. Du coup, il est une solution à ces dilemmes : oser en terrain connu. Et c’est ma principale cause d’admiration devant la réalisation de ce jeune énergumène qui a su taper pile dans ma plus profonde fanitude.

Keating semble en effet tout droit sorti d’un amphithéâtre avec dans sa poche la formule magique de la réussite. Le Saint Graal que tous les jeunes cinéastes recherchent mais que trop peu arrivent à trouver (surtout depuis quelques années). Et en petit malin qu’il est, il n’a absolument pas attendu pour parcourir ce parchemin de la réussite, ce qui pourrait à priori sentir très bon pour la suite de sa filmographie. Mais revenons-en à ce Carnage Park

La première idée qui m’est venue devant les toutes premières secondes de ce Carnage Park est : Quentin ? Tu es là ? Oui c’est plutôt présomptueux d’oser imaginer la griffe de Tarantino dans ce Carnage Park. Et pourtant, impossible de ne pas s’en apercevoir. En gros fan du réalisateur de Knoxville, Tennessee, j’ai été aspiré par ce visuel, ce coup de caméra, et par une ambiance unique. Le premier plan qui nous plonge de façon abrupte dans la tête de Wyatt Moss, est tellement singulier qu’il ne semble pas sorti de l’imagination d’un tout jeune réalisateur. Les mots sont bibliques, les images immaculées et on imagine de suite que ce vétéran va nous emmener loin dans sa folie hystérico-religieuse. Vient ensuite LE premier hommage à Tarantino : Un plan panoramique aux couleurs chaudes, fixe, immobile, et un malheureux qui cours vers nous. Pas vers le public mais bel et bien vers une aide, une main tendue. Une bande son improbable et nous voilà transporté dans l’univers du plus habile manipulateur postmoderne actuel. Cette bande son ne sera pas sans rappeler entre autres le fameux Kill Bill. Et j’irai presque plus loin en évoquant l’alternance typique de plans fixes et de travellings exotiques.

Et ce coup de feu…

Le scénario de Carnage Park nous promène sans mal entre différentes époques sans jamais nous permettre d’y poser nos valises. En effet, ce film est un savant mélange de western (un poil achronique du reste), de film de guerre et de modernisme horrifique. Il utilise bien évidemment tous les atouts de ces trois genres, mais nous laisse un flou artistique quant à l’époque à laquelle se film se déroule. Un fabuleux coup de génie de Keating. La banque agricole, la fermière qui se bat pour ces terres, tout ceci pourrait sentir l’age d’or de la ruée vers… l’or !!! Mais ce pseudo-vétéran hystérico-puritain pourrait être tout droit sorti de l’époque contestataire post-vietnam (son discours le laisserais penser), alors que Keating dresse ces artifices horrifiques comme des hommages modernes qui semble s’inspirer des travaux d’Aja (La Colline a des Yeux) ou encore de Zombie (La Maison des 1000 Morts). Le tout, aux airs de joyeux patchwork cinématographique, s’accorde pourtant pour créer un univers singulier qui interagit avec notre monde à l’image d’une bulle imperméable. Et d’ailleurs, les barricades de l’aire de jeu de Wyatt Moss en sont la parfaite allégorie.

Il n’en demeure pas moins ambiguë de voir les jeux de relations que Mickey Keating crée entre ces différents protagonistes. On pourrait percevoir un aspect presque trop convenu face aux interactions qui régissent le déroulement du film, mais il n’en est rien. Les destinées se croisent mais jamais ne se superposent, et laissent entrevoir une ambivalence chez tous les personnages. Tantôt victimes et tantôt bourreaux, ils sont tous en guerre avec eux-même, avec leur entourage et avec leur environnement. Keating montre par cette maîtrise une facette mature que certains réalisateurs mettent des années à acquérir. Aucun personnage ne finira comme l’on aurait pu le penser. Plus que subtil, c’est à l’évidence un plus quant à l’efficacité du scénario de Carnage Park.

Mais il aurait été presque utopique de penser que ce morceau de bravoure s’en serait tiré sans égratignures. Cela pourrait sembler presque anecdotique mais il n’en demeure pas moins dommage que la seconde partie du récit, plus intimiste, plus feutrée soit tant en retrait par rapport à la première. Rendant l’ensemble inégal, cette seconde partie tente de s’appuyer sur la claustrophobie du spectateur pour transmettre les émotions d’une chasse à l’homme (à la femme) ne parvient pas à véhiculer. Trop sombre, trop approximative, cette seconde partie dénote franchement avec le début du récit. Sans en faire une inconnue rédhibitoire à l’équation du jeune Keating, elle influencera forcément ma note vers le bas, à ma grande déception.

Parti fort mais difficilement arrivé, Carnage Park reste tout de même celui qui aura réussi la tâche plutôt ardue de s’inspirer du meilleur sans le plagier, pour offrir un résultat (tout du moins la première heure) très efficace. Et je le redis, en gros fan de Tarantino, mon attirance pour le film de Keating n’est que la continuité d’un ensemble de vibrations qui me sont familières, et tellement agréables !!!

Informations

Carnage Park Affiche

Titre original : Carnage Park

Réalisation : Mickey Keating

Scénario : Mickey Keating

Casting : Ashley Bell, James Landry Hebert, Michael Villar…

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Survival

Durée : 90 minutes

Date de sortie : 21 février 2017

Lien IMDB

Lien Allocine

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