Au coeur de l'horreur

Killers (Étrange Festival)

Synopsis : Shuhei Nomura est un serial killer sévissant à Tokyo et s’attaquant principalement à de jeunes femmes. Tueur froid et impassible, il filme ses meurtres et les met en ligne sur le Web de manière anonyme. De son côté, Bayu Aditya est un ancien journaliste qui a tenté par le passé d’enquêter sur un homme d’affaires véreux, Dharma, mais a dû renoncer en raison de l’influence de ce dernier. Un soir, alors qu’il se fait agresser dans un taxi, il tue ses deux assaillants et finit par prendre goût au meurtre. S’inspirant du tueur japonais, il filme également ses crimes et les met en ligne. Les deux serial killers vont entretenir une communication sur le Web et se lancer dans une émulation macabre.

Critique :

Coproduction japano-indonésienne, Killers est un film brutal dans la veine d’Old Boy, The Chaser ou encore J’ai rencontré le diable. Présenté au Festival de Sundance 2014, le dernier film des Mo Brothers (pseudonyme des réalisateurs Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto) a été qualifié par de nombreux critiques comme le film le plus dérangeant de cette édition (présenté hors compétition). Killers est, en effet, un film sanglant mêlant différents registres, flirtant avec le film d’action pur, le thriller psychologique et le gore. Un tel cocktail est évidemment explosif et susceptible de dérouter le spectateur.

Killers critique

La rivalité entre deux tueurs est un leitmotiv que l’on rencontre tant dans le cinéma d’action asiatique (Fulltime Killer, bien qu’il s’agisse de tueurs à gages) que dans les films et séries mettant en scène des serial killers (la saison 4 de Dexter avec le Trinity Killer). Toutefois, cette confrontation n’apparaît que tard dans le film et le scénario s’efforce dans un premier temps de dépeindre la vie et la personnalité de ses deux serial killers. Nomura est un homme riche et élégant, toujours vêtu d’un costume impeccable. Il sillonne les rues de Tokyo au volant de sa berline pour séduire de jeunes femmes et les tuer chez lui, dans une demeure sans âme faite de murs de béton et à l’ameublement restreint. Nomura est l’archétype du tueur raffiné, une sorte d’Hannibal Lecter japonais qui commet ses meurtres sur fond de musique classique et se débarrasse des corps avec la dextérité et le flegme d’un Dexter Morgan. Mais la rencontre avec une jeune fleuriste va perturber son quotidien et faire émerger ses traumatismes passés (la mort de sa sœur). Le personnage sort ainsi de son statut archétypal et finit par laisser exploser et transparaître ses psychoses et ses pulsions meurtrières. La personnalité de Nomura contraste avec celle de Bayu, journaliste indonésien modeste, dont la principale préoccupation est d’enquêter sur Dharma. Père de famille séparé de sa femme, il ne vit que pour sa fille. Malgré ces nombreuses différences, les deux hommes partagent un point commun, la solitude. Bayu va être progressivement désocialisé, perdant sa femme, sa fille, ainsi que son statut de journaliste après l’affaire Dharma. La personnalité de ces deux personnages constitue le point fort du scénario de Killers. Les Mo Brothers prennent soin de développer la psychologie de ces deux tueurs en série en évitant de sombrer dans les clichés les plus éculés. Cette passion meurtrière va progressivement rapprocher nos deux protagonistes, qui se différencient tant par leur personnalité que leur modus operandi. Alors que Nomura est un tueur expérimenté, Bayu est un novice qui multiplie les erreurs et se met en danger de nombreuses fois.

Killers critique Killers critique

Cependant, malgré des qualités indéniables, le scénario de Killers souffre d’un manque de crédibilité qui ne fera que s’accentuer tout au long du film. Les premiers meurtres de Bayu sont certes amusants et angoissants, mais le manque de précautions du journaliste ferait sauter de son fauteuil n’importe quel fan des Experts (l’absence de gants par exemple). On pourrait également citer la scène du meurtre dans les toilettes d’une gigantesque discothèque durant laquelle Nomura se retrouve seul, de nombreuses minutes, face à sa victime. Une situation improbable qui ne manquera pas d’interpeller les spectateurs qui côtoient régulièrement les boites de nuit (qui a déjà pu se rendre aux toilettes en discothèque sans faire la queue ?). L’objectif n’est pas ici de recenser tous les manquements à la réalité (la position de spectateur impliquant une suspension temporaire de l’incrédulité) mais de souligner les nombreuses failles qui parsèment le scénario. En outre, ces situations ne sont pas les seules faiblesses scénaristiques de Killers. Laborieux et poussif, le scénario multiplie les rebondissements et s’enferre dans le grandguignolesque. Une sensation renforcée par certaines scènes à l’humour décalé qui frisent parfois le grotesque.

La réalisation des Mo Brothers souffre des mêmes maux et apparaît inégale. La scène d’introduction est toutefois particulièrement réussie et plonge d’emblée le spectateur dans l’horreur. L’intensité émotionnelle est véhiculée par le contraste sonore entre la douce mélodie classique de la scène d’amour et le son tonitruant, quelques secondes plus tard, qui introduit le danger. L’identification du spectateur à la victime est renforcée par un son strident qui simule un traumatisme auditif et figure la désorientation et la perte de connaissance du personnage. Une réalisation immersive qui happe le spectateur et renforce le sentiment de projection/identification. Mais si certaines scènes font preuve de virtuosité (on peut également citer la scène de poursuite dans l’hôtel, digne de Raid), d’autres, en revanche, manquent d’intensité et de créativité visuelle. La scène de l’agression dans le taxi, l’un des moments clé du film (marquant la métamorphose de Bayu en serial killer) est l’une des principales déceptions. Elle révèle non seulement la faiblesse des acteurs mais, surtout, échoue dans son entreprise immersive et instaure une distanciation irrémédiable que le reste du film ne parviendra pas à combler.

Killers critique

Si Killers a souvent été comparé à des films tels que J’ai rencontré le diable, il n’en a toutefois pas l’envergure ni l’intensité. La faute en premier lieu aux acteurs, qui ne peuvent rivaliser avec d’éminentes figures du genre telles que Choi Min-Sik ou Song Kang-Ho, mais également au scénario, qui se perd progressivement dans des méandres grandguignolesques. Il convient toutefois de saluer l’entreprise des Mo Brothers, qui nous offrent avec Killers un film ambitieux, de par le cadre géographique où se situe l’action (à la fois à Tokyo et Djakarta), l’ampleur du travail scénaristique et la réalisation immersive.

Synopsis : Shuhei Nomura est un serial killer sévissant à Tokyo et s’attaquant principalement à de jeunes femmes. Tueur froid et impassible, il filme ses meurtres et les met en ligne sur le Web de manière anonyme. De son côté, Bayu Aditya est un ancien journaliste qui a tenté par le passé d’enquêter sur un homme d’affaires véreux, Dharma, mais a dû renoncer en raison de l’influence de ce dernier. Un soir, alors qu’il se fait agresser dans un taxi, il tue ses deux assaillants et finit par prendre goût au meurtre. S’inspirant du tueur japonais, il filme également ses crimes et les met en ligne. Les deux serial killers vont entretenir une communication sur le Web et se lancer dans une émulation macabre. Critique : Coproduction japano-indonésienne, Killers est un film brutal dans la veine d’Old Boy, The Chaser ou encore J’ai rencontré le diable. Présenté au Festival de Sundance 2014, le dernier film des Mo Brothers (pseudonyme des réalisateurs Kimo Stamboel et Timo Tjahjanto) a été qualifié par de nombreux critiques comme le film le plus dérangeant de cette édition (présenté hors compétition). Killers est, en effet, un film sanglant mêlant différents registres, flirtant avec le film d’action pur, le thriller psychologique et le gore. Un tel cocktail est évidemment explosif et susceptible de dérouter le spectateur. La rivalité entre deux tueurs est un leitmotiv que l’on rencontre tant dans le cinéma d’action asiatique (Fulltime Killer, bien qu’il s’agisse de tueurs à gages) que dans les films et séries mettant en scène des serial killers (la saison 4 de Dexter avec le Trinity Killer). Toutefois, cette confrontation n’apparaît que tard dans le film et le scénario s’efforce dans un premier temps de dépeindre la vie et la personnalité de ses deux serial killers. Nomura est un homme riche et élégant, toujours vêtu d’un costume impeccable. Il sillonne les rues de Tokyo au volant de sa berline pour séduire de jeunes femmes et les tuer chez lui, dans une demeure sans âme faite de murs de béton et à l’ameublement restreint. Nomura est l’archétype du tueur raffiné, une sorte d’Hannibal Lecter japonais qui commet ses meurtres sur fond de musique classique et se débarrasse des corps avec la dextérité et le flegme d’un Dexter Morgan. Mais la rencontre avec une jeune fleuriste va perturber son quotidien et faire émerger ses traumatismes passés (la mort de sa sœur). Le personnage sort ainsi de son statut archétypal et finit par laisser exploser et transparaître ses psychoses et ses pulsions meurtrières. La personnalité de Nomura contraste avec celle de Bayu, journaliste indonésien modeste, dont la principale préoccupation est d’enquêter sur Dharma. Père de famille séparé de sa femme, il ne vit que pour sa fille. Malgré ces nombreuses différences, les deux hommes partagent un point commun, la solitude. Bayu va être progressivement désocialisé, perdant sa femme, sa fille, ainsi que son statut de journaliste après l’affaire Dharma. La personnalité de ces deux personnages constitue le point fort du scénario de Killers. Les Mo…

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NOTE

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Réalisateur : Les frères Mo

Scénaristes : Ushiyama Takuji , Timo Tjahjanto

Acteurs : Kazuki Kitamura, Oka Antara, Rin Takanashi , Luna Maya, Ray Sahetapy …

Genre : Thriller, Horreur

Pays d’origine : Japon, Indonésie

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2 commentaires

WTF forever 9 septembre 2014 at 21 h 18 min

Putain, ça a l’air d’être une bombe ce film !

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informaticien Rouen 6 janvier 2015 at 20 h 38 min

les scène de meurtres sont super bien faite mais le rythme est bien souvent cassé …cela gâche un peu tout .

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