Au coeur de l'horreur

Ghost Theatre

Synopsis

Après quelques déconvenues dans des productions de seconde zone, l’actrice débutante Sarah accepte un rôle dans une pièce de théâtre, mais sur scène, sa partenaire affiche de l’antipathie à son égard. Plus inquiétant, des évènements surnaturels se multiplient en coulisse…

Critique

S’il était un événement à ne pas manquer au cours de cette 21ème édition de L’Etrange Festival, c’était la projection en avant-première mondiale de Ghost Theatre, le dernier film d’Hideo Nakata. Un événement qui témoigne du rayonnement international de L’Etrange Festival, rivalisant désormais avec les plus grands festivals de genre mondiaux. Hideo Nakata, qui a fortement contribué à la popularité de la J-Horror à l’international, avait fait le déplacement pour l’occasion et s’est modestement prêté à l’exercice de présentation habituel. Dans son intervention, le réalisateur de Ring précise qu’il n’est pas un passionné d’horreur et qu’il a été, presque malgré lui, enfermé dans ce genre. Cette déclaration, qui a de quoi surprendre, peut en partie expliquer son succès. A la différence de la plupart des réalisateurs de genre, Hideo Nakata n’est pas submergé par les références aux grands classiques. Il a ainsi su se démarquer, en évitant le piège du film de fanboy, et proposer une oeuvre singulière à l’identité propre (même si bien entendu, il a été fortement influencé par le folklore et la littérature horrifique japonaise). Malheureusement, si Ghost Theatre prouve qu’Hideo Nakata puise toujours ses racines dans la culture japonaise et fait fi des tendances du genre (le found footage par exemple), il peine à se renouveler et finit par s’enfermer dans des auto-références narcissiques.

Pour les fins connaisseurs de l’oeuvre d’Hideo Nakata, Ghost Theatre n’apporte aucune nouvelle pierre à l’édifice artistique du réalisateur. On sent fortement les influences de Ghost Actress (dans la mise en scène du processus artistique) ou encore de Ring, dans lequel les personnages menaient l’enquête pour comprendre l’origine de la malédiction. Hideo Nakata reprend fidèlement ces éléments narratifs en nous dévoilant dès la scène d’introduction, une poupée maléfique qui se nourrit de l’énergie vitale de jeunes femmes. 20 ans plus tard, la poupée, véritable oeuvre d’art sur-mesure, sera utilisée dans une pièce de théâtre mettant en scène l’histoire de la reine Elisabeth Bathory, surnommée la “Comtesse Sanglante”, et dont la légende raconte qu’elle aimait se baigner dans le sang de jeunes femmes vierges pour garder sa jeunesse. Ironie du sort, la poupée, qui incarne sur scène le double immuable de la reine, se nourrira de la jeunesse des différentes actrices. On retrouve ici un thème cher au cinéma japonais, celui de la perméabilité/imbrication des mondes de la fiction et du réel, comme si la représentation était susceptible de ressusciter et d’invoquer les esprit (on pense notamment à Over your Dead Body de Takashi Miike).

Mais au-delà de ce leitmotiv, Hideo Nakata entend dénoncer l’état actuel de la production artistique japonaise (cinéma et théâtre). Les critiques du cinéaste sont en effet nombreuses et apportent une touche d’humour appréciable. Hideo Nakata n’hésite pas à caricaturer le star-système japonais à travers des actrices capricieuses et un metteur en scène narcissique et libineux. La poupée de Ghost Theatre peut ainsi être interprétée comme l’allégorie d’un cinéma/théâtre japonais moribond qui ne survit que grâce au renouvellement incessant de stars éphémères. De la chair fraîche en somme, qui entretient l’illusion d’une jeunesse éternelle. Dans Ghost Theatre, Hideo Nakata nous dévoile les rouages d’une pièce de théâtre à succès sans aucune cohérence artistique, où les actrices tenant le premier rôle s’enchaînent au gré des circonstances et du bon vouloir du metteur en scène (dont la principale motivation est d’obtenir les faveurs sexuelles de ses actrices). La chair à vif de la poupée, révélée à la fin du film, symbolise la tentative désespérée du cinéma japonais de ressusciter et de reprendre corps. Hideo Nakata dépeint un cinéma/théâtre sans substance artistique, aussi creux que cette poupée maléfique en terre cuite.

On en vient d’ailleurs à se demander si la métaphore ne prend pas le pas sur l’enjeu dramatique et si l’allure parfois ridicule de la poupée n’est pas destinée à dénoncer la grossièreté des productions artistiques japonaises actuelles. Hideo Nakata a certes toujours des choses à dire, mais il ne parvient pas à trouver les moyens d’expression adéquats. Visuellement, Ghost Theatre ne fait preuve d’aucune audace et se risque même à des plans maladroits, comme les visions subjectives de la poupée. Le film se contente par ailleurs de reprendre le schéma narratif de Ring, sans toutefois en garder la cohérence (l’enquête sur les origines de la poupée n’apporte en fin de compte aucune information utile). Au vu de ses derniers films, Hideo Nakata semble désormais condamné à se répéter inlassablement, quitte à singer ses oeuvres antérieures. On espère que l’avenir nous donnera tort.

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NOTE

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Informations

Affiche de Ghost Theatre

Titre original : Gekijô rei

Réalisation : Hideo Nakata

Scénario : Jun’ya KatôRyûta Miyake

Casting : Rika AdachiKeita MachidaHaruka Shimazaki…

Pays d’origine : Japon

Genre : Fantôme

Durée : 109 minutes

Date de sortie : 21 novembre 2015 (Japon)

Lien IMDB

Lien Allocine

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