Au coeur de l'horreur

Don’t Breathe

Synopsis

Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient…

Critique

En 2009, un jeune réalisateur sort sur internet une vidéo intitulée Ataque de pánico où l’on peut voir la ville de Montevideo se faire attaquer par des robots géants. Ce jeune réalisateur n’est autre que Fede Alvarez et sa vidéo crée un véritable buzz sur Internet au point d’attirer l’attention de Sam Raimi, qui lui propose de signer un remake de son film culte : Evil Dead. Malgré les attentes souvent intransigeantes face à ce genre de projet, Fede Alvarez est parvenu à signer un film excellent, gardant l’esprit de l’original tout en s’offrant quelques libertés bienvenues. Le tout porté par une réalisation qui laissait déjà deviner un talent indéniable et des effets spéciaux grandioses. Alors qu’on imaginait revoir le réalisateur derrière une grosse production (celui-ci a d’ailleurs refusé un Fast and furious et quelques Marvel), c’est derrière une modeste série B que l’on retrouve Fede Alvarez. Un choix appréciable qui révèle un véritable amour pour le cinéma de genre et confirme le talent du réalisateur. Une production certes modeste, mais que l’homme parvient à ériger au rang de ce qui se fait de mieux dans le genre du home invasion.

Rocky, Alex et Money sont trois jeunes de quartiers défavorisés qui cambriolent des maisons pour survivre. L’idée est d’amasser un maximum d’argent pour quitter leur trou à rat et commencer une nouvelle vie en Californie. En apprenant l’importante indemnisation d’un homme aveugle ayant perdu sa fille, nos trois amis y voit une cible facile pour faire un dernier grand coup ! Mais l’homme s’avère être un véritable guerrier et ne compte pas se laisser faire aussi facilement.

Le pitch du film est basée sur une idée simple mais originale. Faire d’un homme aveugle, à priori sans défense, un véritable boogeyman, suffit à susciter l’intérêt du spectateur et à rendre le personnage très mystérieux. Non seulement l’homme est un ancien mercenaire de talent, mais celui-ci se débrouille pour plonger ses agresseurs (et dorénavant ses victimes) dans une obscurité totale au sein de sa propre maison. Ainsi, nos jeunes cambrioleurs partagent le même handicap, à la différence qu’eux n’y sont pas accoutumés et se retrouvent démunis. Cette idée de l’obscurité n’est malheureusement pas assez développée dans le film. Elle sert de base à toute la communication autour du film, mais se retrouve vite désamorcée dans l’histoire pour laisser place à un survival plus classique. Cela n’empêche en rien Fede Alvarez de jouer avec l’attente de son spectateur et de parvenir à offrir un film bourré de rebondissements et de suspense. Don’t Breathe joue avec nos nerfs et il est impossible d’y déceler un moyen de s’en sortir. Chaque espoir est réduit à néant au point de se demander si le film aura véritablement une issue. En somme, une ambiance totalement suffocante. Au fur et à mesure, l’homme aveugle prend de l’ampleur en tant que boogeyman et devient de plus en plus flippant et dangereux. Sans aucune once de pitié, celui-ci tire à vue au moindre bruit. Assumant le côté serie B, Fede Alvarez rend le personnage quasi-increvable, le poussant même à la limite de la caricature de l’image du boogeyman mais en restant très cohérent dans son approche scénaristique. Une approche qui ne gâche pas le plaisir du spectateur, bien au contraire ! Don’t Breathe nous offre une véritable chasse à l’homme acharnée, maîtrisée, divertissante, originale et inattendue.

Mais c’est d’un point de vue psychologique que le film se démarque. Sans trop s’attarder sur ce point, Fede Alvarez parvient à présenter ses personnages en profondeur sans être trop bavard. C’est dans l’adversité que nous apprenons à les connaître et à s’y attacher. D’un côté, un trio amoureux ambigu, de l’autre, un homme aveugle et mystérieux qui semble beaucoup moins innocent qu’il n’y paraît. Pas de gentil ni de méchant à proprement parler. Chaque personnage à un enjeu clair et défini sans pour autant avoir plus de légitimité que les autres. Des deux côtés, les personnages ne font que se défendre face aux agissements adverses. Les rôles de victime et de bourreau s’inversent constamment et les révélations sur les personnages complexifient le récit et ses enjeux. Fede Alvarez parvient à signer un très bon film en bétonnant son scénario et ses personnages.

Impossible de parler de Don’t Breathe sans une nouvelle fois mentionner la qualité de la mise en scène de Fede Alvarez. Dans le genre, mis à part James Wan et une petite poignée d’autres réalisateurs, rares sont ceux ayant réussi à faire preuve d’audace dans leur mise en scène. Avec un budget beaucoup plus modeste que celui d’Evil Dead (10 millions de dollars contre 17 millions pour Evil dead), le réalisateur nous offre des séquences réellement maîtrisées. L’exemple le plus frappant est celui du long plan séquence lorsque les trois cambrioleurs pénètrent dans la maison. La caméra suit chacun des personnages fouillant les lieux, alternant sans cesse entre leurs différents déplacements et permettant à la fois de découvrir le décor en temps réel.

Le travail sur le son est également intéressant. Alors que dans la plupart des survivals, l’intérêt est d’échapper à la vue du tueur, Don’t Breathe multiplie les confrontations face à face où les personnages ne doivent faire aucun bruit pour cacher leur présence à l’homme aveugle. Ces confrontations permettent de créer des situations très angoissantes et de concentrer l’attention du spectateur sur le moindre son.

Après Evil Dead, Fede Alvarez confirme son statut de réalisateur prometteur. On pourrait même le voir comme l’un des futurs maîtres du genre. Même si Don’t Breathe ne révolutionne pas le genre, il a le mérite d’être extrêmement efficace et d’apporter des idées rafraîchissantes. On n’en demande pas plus !

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6

10

Note

6

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6

Informations

Affiche de Don't Breathe

Titre original : Don’t Breathe

Réalisation : Fede Alvarez

Scénario : Fede Alvarez, Rodo Sayagues

Casting : Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Home Invasion

Durée : 88 minutes

Date de sortie : 5 octobre 2016

Lien IMDB

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6 commentaires

La Gazette 11 octobre 2016 at 14 h 39 min

Putain mais dans le genre peine à jouir… Et après ça fout la moyenne à des trucs fondamentalement à chier.

Répondre
Tetsuo 11 octobre 2016 at 16 h 44 min

Bonjour @LaGazette. On vous rassure, on a quand même pris notre pied ;). Quand vous parlez de films « fondamentalement à chier » qui ont eu la moyenne, vous pensez à quoi exactement?

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La Gazette 12 octobre 2016 at 10 h 14 min

Les exemples ne manquent pas! Blair Witch bénéficiant de la même note, c’est tout de même inquiétant.

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Tetsuo 12 octobre 2016 at 11 h 04 min

Inquiétant? mouais pas un super bon exemple… Le nouveau Blair Witch a été injustement descendu. Il a quand même des qualités. Et soyons honnête, Don’t Breathe est un film divertissant et correct, mais loin d’être marquant

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La Gazette 18 octobre 2016 at 10 h 44 min

C’est le néant absolu le remake de Blair Witch donc je ne vois pas de quelles qualités tu peux bien parler. C’est du 0/10 sans sourciller.
Idem, 0/10 pour le Rob Zombi qui est de loin son plus mauvais (jamais vu des mouvements de caméras aussi insupportables).
En fait vos chroniques manquent de « radicalité » et du coup on se retrouve avec une majorité de films a 5/6 qui mériteraient en réalité une note carrément plus sévère et à côté vous vous emballez très très rarement pour des films qui mériteraient plus d’enthousiasme.
C’était juste une remarque comme ça, pas pour faire chier hein.

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Tetsuo 18 octobre 2016 at 11 h 02 min

On aime les retours sur nos critiques donc aucun souci ;). On nous reproche souvent d’être trop durs avec les films. Pour le Rob Zombie, entièrement d’accord, mais n’oublions pas que 5/10 c’est juste la moyenne, ça reste pas bon. Ca se laisse regarder mais c’est clairement son plus mauvais. Quant à Blair Witch, le film divise, mais les idées de mise en scène valorisent quelque peu le film à nos yeux (mais on a pas été emballé). On est certes rarement éblouis par des films de genre récemment, mais ça arrive ;). En tout cas merci pour ton retour, on est preneur de critiques sur notre travail!

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