Au coeur de l'horreur

Les Dossiers Secrets du Vatican

Synopsis

Angela Holmes, une jeune femme ordinaire de 27 ans, comprend un jour que sa présence a un effet dévastateur sur son entourage, infligeant des blessures, voire la mort, à ceux qui l’approchent. Estimant qu’elle est possédée, le Vatican est sollicité pour pratiquer l’exorcisme. Mais il s’avère que le mal qui ronge Angela est une ancienne force satanique d’une puissance hors du commun.

Critique

Qu’on vous rassure, Les Dossiers Secrets du Vatican ne font pas référence aux cas de sévices sexuels dissimulés par l’Eglise, mais bien aux nombreux cas de possession recensés depuis plus de 2000 ans. Autant dire que Billy, votre bibliothèque Ikea, ne suffirait pas à stocker l’ensemble des archives du Vatican qui s’étendent sur des centaines de mètres souterrains. Le film s’ouvre sur une discussion entre deux ecclésiastiques qui découvrent les images d’une femme hospitalisée en psychiatrie et décèlent une présence démoniaque. Cette femme n’est autre qu’Angela Holmes, la protagoniste de l’histoire. Le film opère ensuite un flashback et narre les événements qui ont conduit à cet état de possession. Un parti-pris original dans la mesure où la plupart des films du genre débutent alors que la personne est déjà possédée.

Angela Holmes est une ravissante blogueuse de 27 ans, spécialisée dans les phénomènes ésotériques, et qui file le parfait amour avec Pete. Ce dernier, qui tente désespérément d’obtenir l’approbation du père d’Angela, militaire conservateur, lui organise un anniversaire surprise. Au moment de couper le gâteau, Angela s’entaille profondément le doigt et est conduite aux urgences. Arrivée devant la façade de l’hôpital, elle éprouve une vive inquiétude et a la prescience d’un danger. Sur le chemin du retour, un corbeau pénètre violemment dans le bus en brisant une vitre  (super-corbeau !) et mord le doigt d’Angela qui se retrouve infecté. Cette introduction dévoile très clairement le modus operandi de l’Antéchrist, comment celui-ci parvient à posséder un corps à la manière d’un virus qui s’insinue dans un organisme. On comprend dès lors pourquoi la majorité des films du genre se sont dispensés de révéler les origines des possessions. Les subterfuges de l’Antéchrist pour posséder la jeune Angela sont ici laborieux et pittoresques. Les premières manifestations de l’esprit démoniaque se réduisent ainsi à des péripéties naïves qui prêtent à sourire. En outre, l’omniprésence indiscrète du corbeau, qui symbolise l’aura funeste qui enveloppe la jeune femme, passe étrangement inaperçue aux yeux des personnages. Il faudra attendre la seconde partie du film pour que le prêtre, qui suit Angela depuis sa première hospitalisation, commence à s’interroger sur ce corbeau qui, décidément, est le spectateur privilégié de tous les drames.

Les Dossiers Secrets du Vatican

Cependant, le film parvient à rehausser l’attention par sa réalisation. Les Dossiers Secrets du Vatican aurait très bien pu n’être qu’un simple found footage. D’ailleurs, le film cède quelque peu à cette tendance filmique et emprunte, à la manière d’un Romero dans Diary of the Dead, quelques procédés du genre. Le film utilise ainsi les images filmées par les caméras de surveillance ou par certains personnages (Pete avec son smartphone, la psychiatre, qui filme les séances avec Angela). Cette diversification des points de vue ne présente toutefois aucune valeur ajoutée artistique ou narrative, à l’exception des split screens lors de l’hospitalisation d’Angela, qui montrent sous quatre angles différents et simultanés les agissements de la jeune femme et les contradictions temporelles qui en résultent. L’originalité de la réalisation ne réside donc pas dans cet emprunt opportuniste, qui relève davantage du cahier des charges que d’une réelle intention artistique, mais des distorsions d’images et de sons. Le réalisateur, Mark Neveldine, use de travelings accélérés et de plans décadrés afin de recréer la désorientation d’Angela. Les mouvements de caméra se fourvoient dans les dédales de l’hôpital psychiatrique à la recherche d’une issue fantasmatique et illusoire, symbole de l’emprisonnement mental d’Angela, désormais incapable d’échapper à la force démoniaque qui a pris possession de son corps et de son esprit.

Malheureusement, la réalisation est très certainement la seule qualité du film. Exceptée la jeune Olivia Taylor Dudley, plutôt convaincante dans le rôle d’Angela, le reste du casting déçoit, malgré la présence de quelques têtes familières comme Djimon Hounsou ou Kathleen Robertson (qui semble désormais cantonnée aux rôles de MILF sexy). La faute principalement au travail d’écriture et au développement insuffisant des personnages. Le père d’Angela et son petit ami font office de figurants et les deux représentants du Vatican n’ont qu’une fonction utilitaire, justifier le titre du film et pratiquer l’exorcisme de la scène finale. Le personnage du prêtre, interprété par Michael Peña (que l’on a pu voir notamment dans la série Une Nuit en Enfer), est symptomatique de ce manque de caractérisation. A aucun moment, son passé “bad boy” d’ancien militaire tatoué ne sera exploité. L’acteur se contentera de deux expressions faciales pour incarner son personnage…

L’aspect le plus drôle du film est très certainement le dénouement, qui fait irrémédiablement penser à un film de super-héros Marvel, avec Djimon Hounsou dans le rôle de Samuel Jackson et Michael Peña comme nouveau disciple rejoignant l’armée des super-prêtres exorcistes. On pourrait d’ailleurs légitimement s’attendre à une suite mettant en scène la lutte dantesque des forces du bien contre l’Antéchrist, avec potentiellement l’aide des Avengers (bon ok, je m’emballe…). Pour l’heure, on regrettera une tentative avortée de sortir des sentiers battus et de renouveler le schéma du genre. L’alternative offerte ne convainc guère et paraît bâclée. Les Dossiers du Vatican rejoint ainsi la série des déceptions horrifiques de ce mois de juillet 2015.

Un conseil, si vous voyez un corbeau dans la rue en train de vous mater, courrez !

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10

NOTE

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Informations

Affiche Les Dossiers Secrets du Vatican

Titre original : The Vatican Tapes

Réalisation : Mark Neveldine

Scénario : Chris Morgan, Christopher Borrelli

Casting : Olivia Taylor Dudley, Djimon Hounsou, Michael Peña, Kathleen Robertson…

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Film de possession

Durée : 91 minutes

Date de sortie : 29 juillet 2015

Lien IMDB

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