Au coeur de l'horreur

Penny Dreadful (Note : 8/10)

Créateur : John Logan

Acteurs : Eva Green, Josh Hartnett, Timothy Dalton…

Pays d’origine : Américaine

Genre : Drame, Epouvante-horreur, Policier

Format : 52 minutes

 

Synopsis :

« Dans le Londres de l’époque Victorienne, Vanessa Ives, une jeune femme puissante aux pouvoirs hypnotiques, allie ses forces à celles d’Ethan, un garçon rebelle et violent aux allures de cowboy, et de Sir Malcolm, un vieil homme riche aux ressources inépuisables. Ensemble, ils combattent un ennemi inconnu, presque invisible, qui ne semble pas humain et qui massacre la population… » (Synopsis Allociné)

 

Critique :

C’est la grande mode aujourd’hui : les réalisateurs de cinéma envahissent de plus en plus la petite lucarne. Jugez plutôt : David Fincher, Martin Scorsese, Eli Roth, Michael Bay, Alfonso Cùaron, Guillermo Del Toro… Tous proposent avec plus ou moins de succès des séries pour le petit écran. C’est dans cette mouvance que s’inscrit le réalisateur britannique Sam Mendes en se lançant dans un projet assez ambitieux avec son collaborateur de « Skyfall », le scénariste John Logan.

Le fruit de cette nouvelle collaboration, c’est « Penny Dreadful », une série en 8 épisodes proposant une nouvelle lecture des personnages classiques de la littérature fantastique du XIXème siècle. C’est ainsi que la série mêle les destins du docteur Frankenstein, du dandy Dorian Gray, du professeur Van Helsing, ainsi que des créatures comme le vampire ou le loup-garou. L’histoire s’articule néanmoins sur deux personnages créés pour les besoins de la série : Sir Malcolm Murray et Vanessa Ives, respectivement interprétés par Timothy Dalton et Eva Green.

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Il n’est pas chose aisée de redonner vie à des icônes intemporelles de la culture fantastique, dont chacun connaît plus ou moins la mythologie au travers d’œuvres littéraires et cinématographiques abondantes. L’idée de Logan, dans un premier temps, est de replacer tous ces personnages dans un cadre londonien à la fin du XIXe siècle (1891), en pleine expansion industrielle. Une époque qu’il connaît particulièrement bien pour l’avoir déjà dépeinte dans le « Sweeney Todd » de Tim Burton en 2007.

Pas franchement vendeur sur le papier, le résultat de ce projet s’avère très surprenant par son étonnante modernité. Le cadre historique n’est pas aussi dépoussiéré qu’avec Guy Ritchie et ses « Sherlock Holmes », mais en adoptant une mise en scène plus classique, et surtout en donnant plus de souplesse (pour l’époque) aux relations entre les personnages, l’histoire fait la part belle à une quête surnaturelle dont l’élément central va s’avérer être Vanessa Ives.

Fascinante personnalité que celle du personnage d’Eva Green. Dotée d’un passé tumultueux et lourd de traumatismes, Vanessa Ives va devenir l’instrument du diable et le lien démoniaque avec l’esprit de la fille de Sir Malcolm Murray. Le rôle particulièrement difficile casse complétement l’image glamour et pulpeuse d’Eva Green, et lui donne sûrement sa plus grande interprétation. Tantôt prude, tantôt femme fatale, c’est quand elle est possédée que l’actrice révèle toute l’étendue de son talent, passant en un battement de cil d’une personnalité à l’autre, du rire aux larmes. Le reste du casting est lui aussi particulièrement bien trouvé. Josh Hartnett, dont la carrière commençait à décliner sérieusement, retrouve ici un rôle à la mesure de son talent, cachant la nature de son personnage jusqu’à la toute fin de la série. Notons également au passage la performance extraordinaire de Rory Kinnear, méconnaissable en créature de Frankenstein, et qui redonne ses lettres de noblesse à un personnage torturé et violent, cherchant désespérément sa place dans une société le traitant comme une bête de foire. Un personnage en quête d’identité faisant écho aux plus empathiques émotions du spectateur. Un personnage également alter-ego de Sam Mendes et de son amour pour le théâtre, dans lequel transpire son amour du travail de l’artifice.

Les décors, la lumière, la musique complètent le tableau moderne de cette œuvre très harmonieuse en redonnant un vent de fraîcheur à cette époque souvent maltraitée par les clichés de mauvais goût. Sam Mendes montre aussi son goût pour le fantastique à travers quelques scènes chocs particulièrement bien amenées, et prouve bien qu’il est un des grands créateurs de ces dernières années.

Le seul petit bémol (oui, il en faut bien un !) de la série, c’est son côté un peu second degré qui résulte de cette ribambelle de personnalités déjà connues et reconnues, combiné au caractère parfois un poil trop théâtral de la mise en scène.

Malgré tout, Penny Dreadful est un petit bijou. Le format « 8 épisodes » convient à merveille et place la série dans le bon timing : ni trop courte, ni trop longue. Juste assez pour nous faire saliver d’impatience jusqu’à la deuxième saison.

Le métèque

Note : 8/10

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