Au coeur de l'horreur

Cub (Étrange Festival)

Synopsis :

« Un jeune scout d’une douzaine d’années va camper en forêt avec sa tribu de louveteaux. Hélas celle-ci est truffée de pièges machiavéliques remettant en question la survie de « la meute »… » (etrangefestival.com)

Critique :

Alors que de nombreux films en compétition ont déjà été dévoilés dans plusieurs festivals internationaux, ce n’est pas le cas de Cub, dont la première mondiale a eu lieu à Toronto le 10 septembre dernier. Nous avons donc eu droit à la première projection européenne du film, en présence du réalisateur, Jonas Govaerts. Contrairement à Fabrice de Welz qui n’avait fait qu’une brève apparition lors de la projection d’Alléluia, le jeune réalisateur belge a pu, pour notre grand plaisir, présenter son film. Jonas Govaerts souligne que la figure de l’enfant dans les films d’horreur est généralement traitée à travers deux schémas récurrents : soit l’innocence enfantine est sacralisée, soit l’enfant est possédé et maléfique. L’ambition de Cub est donc, en prenant pour protagonistes des enfants, de rompre avec ces sempiternelles représentations.

Si l’enfance est le thème central du film, Cub puise son inspiration dans de grands classiques du genre. L’une des premières scènes nous apprend que la forêt dans laquelle vont camper les protagonistes abritait autrefois une usine à bois, dont la fermeture a entraîné dans son sillage le suicide de nombreux ouvriers. Ce contexte social rappelle très fortement celui de Massacre à la tronçonneuse, où la famille de Leatherface n’était que le tragique symptôme de la désespérance causée par la fermeture des abattoirs et l’abandon de l’Etat. Les deux films mettent ainsi en scène une zone de non droit, un no man’s land délaissé par la civilisation (ce qu’indiquent très clairement les vestiges que l’on aperçoit, comme les carcasses de voiture), mais qui a été réapproprié par des individus n’ayant plus droit de cité. Cette notion de territoire est très souvent présente dans les films du genre et très clairement indiquée dans le film, que ce soit par l’intermédiaire d’un personnage qui tente de dissuader les scouts d’entrer dans la forêt, ou par l’alarme qui s’enclenche dès que le véhicule foule le territoire.

Comme on peut s’y attendre, ce territoire est étroitement surveillé et truffé de pièges mortels. Mais après une première scène qui plonge d’emblée le spectateur dans le genre survival (une jeune fille tente d’échapper à son agresseur dans la forêt), le film prendra par la suite tout son temps avant de laisser éclater la confrontation sanglante entre les scouts et les occupants. Jason Govaerts va en effet laisser planer l’ombre de la menace avant de la révéler progressivement (d’abord le vol d’objets, puis la mort du chien). Le film s’attarde ainsi sur le personnage de Sam, un enfant de douze ans, qui subit fréquemment les brimades de ses compagnons et parfois même, d’un des adultes qui les encadre. La première apparition de Sam révèle son statut au sein du groupe. Alors que les enfants sont appelés pour se réunir, au son d’un compte à rebours, Sam, arrivé en retard, est puni (cinquante pompes !). Tout au long du film, il sera marginalisé par ce groupe fortement intégré et soudé (« scouts un jour, scouts toujours ! ») ce qui le conduira à s’intéresser de près aux événements étranges qui se passent dans la forêt. Sam va ainsi osciller entre deux mondes, comme un symbole de la quête de son identité.

Mais outre ces considérations d’ordre narratif, l’une des principales raisons de cette attente tient à la nature même des protagonistes, des enfants. Jason Vogaerts se retrouve ainsi piégé par son dispositif, si bien qu’il ne peut dérouler son histoire à la manière d’un survival classique où chaque personnage disparaît à tour de rôle. D’où l’importance des personnages secondaires, extérieurs au groupe et qui, en plus d’apporter une touche comique bienvenue, servent essentiellement à contenter l’avidité sanguine du spectateur. Car Jason Vogaerts évitera soigneusement d’emprunter le chemin tracé par le film choc de Narciso Ibáñez, Les révoltés de l’an 2000, et fera preuve de pudeur dans la mise en scène de certains meurtres. D’aucuns pourraient considérer que cette prise de position esthétique contredit l’intention initiale de l’auteur, celle de rompre avec la figure traditionnelle de l’enfant dans les films d’horreur. Néanmoins, son ambition n’est pas tant de nier les codes de la représentation (en montrant des enfants agonisant à l’écran) que d’introduire une ambiguïté psychologique à travers le personnage principal, Sam (l’enfant est-il potentiellement dangereux ?).

L’une des principales forces du film réside dans les différents pièges qui parsèment la forêt. Jason Vogaerts joue habilement avec l’attente, en instaurant un léger décalage temporel entre le moment du déclenchement du piège et sa manifestation. Plusieurs pièges sont, en effet, constitués d’un mécanisme complexe, digne du jeu de société Attrap’souris, qui crée un moment de flottement où le personnage sait qu’il a enclenché quelque chose (souvent un son le manifeste) mais reste tétanisé, jusqu’au moment où le piège frappe. Cette attente, qui va à l’encontre même de l’essence du piège (plus il est rapide et plus il a de chance de surprendre la proie), permet d’en amplifier l’impact. Ce procédé est particulièrement habile dans la mesure où il attise l’attente et la curiosité presque sadiques du spectateur (quel sera le piège cette fois-ci ? Quand va-t-il frapper ?).

Cub fait figure de bon élève du genre mais gagnerait à s’émanciper davantage de ses œuvres références. Si le film présente quelques faiblesses, Jason Vogaerts évite toutefois certains écueils que l’on retrouve trop souvent, tels que le réductionnisme psychologique (les remakes de Massacre à la tronçonneuse qui expliquent le comportement de Leatherface par le fait qu’on se moquait de lui enfant…) ou encore la motivation indigente des psychopathes (ici on ne sait pas pourquoi ils tuent et c’est pas plus mal…). Le réalisateur prend même soin de marquer culturellement son film en traitant de manière ironique le conflit opposant les belges flamands aux Wallons (les scouts sont flamands et les psychopathes wallons…). Une référence qui passera très certainement inaperçue dans de nombreux pays, mais qui fera sourire le spectateur belge ou français.

Synopsis : « Un jeune scout d’une douzaine d’années va camper en forêt avec sa tribu de louveteaux. Hélas celle-ci est truffée de pièges machiavéliques remettant en question la survie de « la meute »... » (etrangefestival.com) Critique : Alors que de nombreux films en compétition ont déjà été dévoilés dans plusieurs festivals internationaux, ce n’est pas le cas de Cub, dont la première mondiale a eu lieu à Toronto le 10 septembre dernier. Nous avons donc eu droit à la première projection européenne du film, en présence du réalisateur, Jonas Govaerts. Contrairement à Fabrice de Welz qui n’avait fait qu’une brève apparition lors de la projection d’Alléluia, le jeune réalisateur belge a pu, pour notre grand plaisir, présenter son film. Jonas Govaerts souligne que la figure de l’enfant dans les films d’horreur est généralement traitée à travers deux schémas récurrents : soit l’innocence enfantine est sacralisée, soit l’enfant est possédé et maléfique. L’ambition de Cub est donc, en prenant pour protagonistes des enfants, de rompre avec ces sempiternelles représentations. Si l’enfance est le thème central du film, Cub puise son inspiration dans de grands classiques du genre. L’une des premières scènes nous apprend que la forêt dans laquelle vont camper les protagonistes abritait autrefois une usine à bois, dont la fermeture a entraîné dans son sillage le suicide de nombreux ouvriers. Ce contexte social rappelle très fortement celui de Massacre à la tronçonneuse, où la famille de Leatherface n’était que le tragique symptôme de la désespérance causée par la fermeture des abattoirs et l’abandon de l’Etat. Les deux films mettent ainsi en scène une zone de non droit, un no man’s land délaissé par la civilisation (ce qu’indiquent très clairement les vestiges que l’on aperçoit, comme les carcasses de voiture), mais qui a été réapproprié par des individus n’ayant plus droit de cité. Cette notion de territoire est très souvent présente dans les films du genre et très clairement indiquée dans le film, que ce soit par l’intermédiaire d’un personnage qui tente de dissuader les scouts d’entrer dans la forêt, ou par l’alarme qui s’enclenche dès que le véhicule foule le territoire. Comme on peut s’y attendre, ce territoire est étroitement surveillé et truffé de pièges mortels. Mais après une première scène qui plonge d’emblée le spectateur dans le genre survival (une jeune fille tente d’échapper à son agresseur dans la forêt), le film prendra par la suite tout son temps avant de laisser éclater la confrontation sanglante entre les scouts et les occupants. Jason Govaerts va en effet laisser planer l’ombre de la menace avant de la révéler progressivement (d’abord le vol d’objets, puis la mort du chien). Le film s’attarde ainsi sur le personnage de Sam, un enfant de douze ans, qui subit fréquemment les brimades de ses compagnons et parfois même, d’un des adultes qui les encadre. La première apparition de Sam révèle son statut au sein du groupe. Alors que les enfants sont appelés pour se réunir, au son d’un compte à rebours, Sam, arrivé en retard, est puni (cinquante…

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NOTE

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Réalisation : Jonas Govaerts

Production : Potemkino

Scénario : Jonas Govaerts, Roel Mondelaers

Acteurs : Evelien Bosmans, Stef Aerts, Jan Hammenecker

Genre : Horreur

Pays d’origine : Belgique

cub

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2 commentaires

Carlotta 17 septembre 2014 at 18 h 10 min

En tout cas, la bande-annonce est très classe et la critique donne envie. Est-ce qu’on sait s’il sortira au cinéma ?

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Krueger 17 septembre 2014 at 18 h 22 min

Salut Carlotta,

On a aucune info sur la sortie de Cub au cinéma en France. On sait juste qu’il sortira en Belgique le 29 octobre… En espérant qu’il sorte également en France par la suite !

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