Au coeur de l'horreur

SAVAGED (note : 4/10)

Date de sortie : 22 mars 2014 (DVD)

Réalisateur/Scénariste : Michael S. Ojeda

Acteurs : Amanda Adrienne, Tom Ardavany, Ronnie Gene Blevins…

Productions : Cart Before The Horse Productions, Green Dog Films

Distributeurs : Raven Banner Entertainment

Pays d’origine : États-Unis

Genre : Horreur/rape and revenge

 

Synopsis :

Alors qu’elle traverse en voiture le Sud-Est des Etats-Unis pour rejoindre son fiancé, Zoé, jeune fille sourde et muette, tombe sur un groupe de rednecks qui pourchassent et tuent deux Amérindiens. Voulant venir en aide à l’un d’entre eux, la jeune femme est capturée, violée et laissée pour morte. Elle est sauvée par un chamane qui tente de la sauver mais, au cours du rituel, l’esprit d’un ancien guerrier apache prend possession du corps sans vie de la jeune femme. Revenue d’entre les morts, elle est bien décidée à se venger de ses bourreaux alors que son corps se décompose rapidement.

 

Critique :

Il y a des films qui acquièrent étonnamment une bonne réputation dès leur première diffusion. Bien souvent, cet accueil bienveillant est davantage l’effet d’une séquence morose dans la production cinématographique horrifique (qui conduit naturellement à valoriser les quelques films qui sortent du lot) que la juste appréciation des qualités intrinsèques de l’œuvre. Qu’en est-il de Savaged, du réalisateur Michael S. Ojeda, qui a, dès sa sortie en octobre 2013, conquis de nombreux critiques ?

Le synopsis de Savaged donne très clairement le ton du film : un « rape and revenge » a priori classique mais qui se différencie par son aspect fantastique. Un genre particulièrement délicat, souvent décrié (à raison, tant la production dans ce genre est désastreuse) et qui inspire donc de la méfiance. Il est par ailleurs désormais très difficile de surprendre le spectateur et de rivaliser avec des films devenus des monuments du genre tels que La Source d’Ingmar Bergman ou La dernière maison sur la gauche de Wes Craven. Toutefois, il faut reconnaître que le genre est particulièrement adapté pour les films au budget réduit, l’intensité dramatique résidant davantage dans la mise en scène que dans la débauche d’effets spéciaux.

Untitled-1 Savaged-FF-Glasgow-2014

Le plus étonnant est le traitement fantastique d’un genre souvent très ancré dans le réel. Michael S. Ojeda revisite donc avec originalité le genre en s’inspirant très nettement de The Crow. Mais ce qui constitue la force du film se mue très rapidement en faiblesse tant le premier degré prend le dessus. Un sérieux qui est en outre difficilement compatible avec des effets spéciaux souvent limités, voire cheap. Prenons la relation amoureuse. La jeune protagoniste, Zoe, traverse seule en voiture le Sud-Est des Etats-Unis pour aller vivre avec son fiancé. On a droit, au cours de cette première partie, à une relation guimauve dégoulinante et purulente avec l’envoi de selfies amoureux, mais aussi des flashbacks avec des cœurs dessinés dans le sable… Bref, deux teletubbies qui découvrent l’amour. Bien sûr, cette relation vise à accentuer l’horreur de ce qui va suivre, mais quand même, on a dû mal à se contenir face à cette relation digne d’Hélène et les Garçons (et encore, Cricri d’amour il se droguait…).

La suite, vous la connaissez, Zoe tombe sur une bande de péquenots du Sud qui ont une tradition et un savoir-faire familial bien particulier : celui de massacrer des Amérindiens (et il faut reconnaître que dans ce domaine ils savent ce qu’ils font). Accessoirement de violer et torturer les jolies filles qui passent (c’est rare dans le coin, y a que des consanguins). Michael S. Ojeda prends le parti de ne pas s’attarder sur la scène du viol qui semble être à ses yeux que le passage obligé vers le déchaînement de violence. On sent la volonté de mettre l’accent sur la dernière partie, celle de la vengeance, ce qui attise encore plus notre curiosité et notre attente. On sait, depuis I spit on your grave, que cette partie est souvent la plus créative, notamment dans la mise en scène des meurtres. Et de ce côté, la première scène de meurtre de Savaged ne déçoit pas. Elle est gore à souhait, bien réalisée et grotesquement drôle (on a droit à un tirage de maillot boyaux, une queue de billard dans l’œil…). On se dit alors que le film va gagner en intensité et que les scènes les plus gores vont se succéder ! Eh ben non…vous pouvez vous arrêtez là… Cette scène est de loin l’une des meilleures du film. Les autres meurtres sont d’une banalité affligeante (et si je tuais avec un arc…ok…c’est spectaculaire dis donc…). Sans parler de la dernière scène, pompée sur Evil Dead (combat avec une tronçonneuse), dont la chorégraphie, bâclée, ne suscite que l’ennui et la dérision.

Malgré quelques bonnes idées (la scène de combat dans le truck ou le fait que Zoe soit sourde et muette, ce qui nous évite la fameuse scène où le protagoniste perd son portable…), Savaged est plombé par un budget trop faible et une réalisation peu inspirée, voire cheap (notamment l’image qui tire sur le jaune et le vert).

Je ne m’étendrai pas sur l’aspect caricatural des personnages (tous les gens du Sud sont des racistes et des tueurs sanguinaires), tant les autres insuffisances sont prioritaires. Même le personnage du jeune autiste ne sert à rien et ne semble devoir sa présence qu’à un pâle copier/coller du personnage de Matthew dans I spit on your grave. Bref, Savaged déçoit, beaucoup, et ne marquera ni le genre, ni les esprits (sauf ceux des ancêtres amérindiens…).

Tetsuo

Note : 4/10

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