Au coeur de l'horreur

The Survivalist

Synopsis

Dans un monde dévasté, un homme a organisé son existence avec la plus grande précision pour pouvoir survivre. Une mère et sa fille font intrusion dans sa vie, menaçant ainsi ce faible équilibre.

Critique

Les films de survie post-apocalyptiques se déroulent généralement sur fond de guerre nucléaire ou de changement climatique. Ces dernières années, les films et les séries de zombies ont grandement alimenté le genre. La survie est effectivement au coeur d’une série comme The Walking Dead, où l’idéal de sédentarité et d’autosuffisance alimentaire est le principal moteur des protagonistes. The Survivalist ne dévoile aucun élément précis sur l’environnement dans lequel se déroule l’action. Lors de la présentation du film, le jeune réalisateur britannique, Stephen Fingleton, cite un événement tragique qui a fortement inspiré le film, la grande famine irlandaise de la moitié du XIXe siècle. Un épisode traumatique connu sous le nom de The Irish Potato Famine et qui a décimé un tiers de la population de l’île. Si cet événement historique sert de terreau scénaristique au film, le réalisateur rappelle toutefois que la question de la pénurie des ressources demeure toujours prégnante, évoquant les récentes migrations des réfugiés.

The Survivalist dépeint donc un univers malthusien où les ressources naturelles sont désormais insuffisantes pour couvrir les besoins alimentaires de la population. Cependant, le film n’est pas un film post-apocalyptique, au sens où l’on l’entend habituellement, et Stephen Fingleton lui préfère le terme de “post-event”. The Survivalist se déroule en effet dans une forêt verdoyante et luxuriante, aux antipodes des territoires dévastés et désertiques habituellement utilisés pour cadre dans les films du genre.

Le film dépeint le quotidien d’un homme vivant depuis sept ans dans une cabane au fond des bois. Une approche hyperréaliste qui décrit avec précision et moult détails la vie d’un survivant dont les journées sont ordonnées autour de la quête de nourriture. Pas de pillage ou d’expéditions à la The Walking Dead. L’homme prend soin d’assurer son autosuffisance en entretenant un potager et en semant des graines qui constituent désormais sa ressource la plus rare. Des années de solitude qui seront interrompues par l’arrivée de deux femmes, une mère et sa fille, demandant l’hospitalité et de la nourriture. En quelques plans, le réalisateur parvient à transmettre tous les éléments d’information nécessaires à la compréhension de l’intrigue et du contexte. A leur arrivée, les deux femmes proposent des bijoux, qui n’ont plus aucune valeur aux yeux de l’homme. Elles tenteront également de troquer des graines, rejetées par l’homme pour leur piètres qualité. On comprend dès lors que les semences constituent “l’or vert” de ce nouveau monde et permettent seules d’assurer la survie (du moins de ceux qui refusent la voie du cannibalisme). L’homme finira par accéder à la requête des deux femmes en échange des services sexuelles de la fille. Une entrée en matière brutale et cynique, qui rompt avec tout idéal humaniste. Faisant fi de toute considération morale, l’homme cherchera à assouvir un besoin physique que sa solitude ne peut combler, à savoir la sexualité. The Survivalist est un film noir dans lequel les actions des personnages sont principalement motivées par l’impératif de survie. Les deux femmes n’hésiteront ainsi pas à comploter pour se débarrasser de l’homme et récolter les fruits de son dur labeur.

Les premières minutes du film révèlent tout le talent de Stephen Findleton, qui transmet les émotions des personnages et les éléments de l’intrigue à travers l’image et le jeu des comédiens. Les quelques dialogues qui parsèment le film ne serviront qu’à introduire une dimensions sociale et humaine entre ces trois protagonistes ou à dévoiler et appuyer certains éléments de l’intrigue afin d’éviter toute incompréhension. La réalisation, épurée, refuse tout artifice esthétique. Le plan du magnifique travelling aérien, l’un des plus percutants du film, servira avant tout à révéler la faible distance séparant deux hommes se chassant l’un l’autre. Stephen Findleton adopte une approche naturaliste et filme crûment les corps dénudés, n’hésitant pas à montrer à l’image un sexe d’homme lors d’une masturbation. Quelques scènes trahiront toutefois cette approche, comme l’improbable guérison d’une septicémie ou les ellipses pudiques des scènes de sexe.

Ce réalisme est renforcé par le soin apporté à l’environnement sonore du film. Aucune musique ne vient accompagner l’action, et les sons, recréés en post-production, sont amplifiés. Lors de la séance de questions-réponses à la fin de la projection, Stephen Findleton avoue son aversion pour le stéréo, dispositif sonore qu’il juge artificiel et souvent inutile. The Survivalist a donc été tourné en mono, à l’exception de quelques scènes où le stéréo semblait approprié pour récréer une atmosphère sonore particulière. Le réalisateur fait preuve d’une maturité certaine et a longuement pesé son parti pris esthétique.

The Survivalist est une oeuvre pessimiste, aux accents malthusiens, où la régulation démographique se fait à coups de fusils, de cannibalisme et d’empoisonnement. Un film de genre maîtrisé de bout en bout, qui constitue l’un de nos coups de coeur de cette huitième édition du FEFFS. Une telle prouesse est rare pour un premier long métrage et on attend donc avec impatience le second long métrage du réalisateur.

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7

10

NOTE

7

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7

Informations

Affiche de The Survivalist

Titre original : The Survivalist

Réalisation : Stephen Fingleton

Scénario : Stephen Fingleton

Casting : Martin McCann, Mia Goth, Andrew Simpson…

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Post-apocalyptique

Durée : 104 minutes

Date de sortie : 12 février 2916 (Royaume-Uni)

Lien IMDB

Lien Allocine

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1 commentaire

Cypress Green 27 septembre 2015 at 12 h 01 min

Pitch alléchant, prise de risque, ça sent vraiment très bon. Il y a de plus en plus de nouveaux réalisateurs(trices) qui se lancent, qui sortent des pépites avec deux francs six sous, je suis tout en joie. Encore un sur la « encore petite » liste de réal à suivre, que du bonheur.

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