Au coeur de l'horreur

American Horror Story Freak Show saison 4

 

Synopsis :

L’une des dernières foires aux phénomènes du pays lutte pour rester populaire à l’aube de l’ère de la télévision. Lorsque la police fait une macabre découverte dans une ferme, l’excentrique directrice de la foire y voit une opportunité de mener sa troupe à sa consécration ou à sa chute.

 Critique :

AHS est une série d’anthologie horrifique aux multiples possibilités scénaristiques. Elle exploite de nombreux univers (Sérial killer, Sorcellerie, fantômes etc.) et laisse l’opportunité à ses créateurs de s’appuyer sur des figures cultes du monde horrifique. AHS est aujourd’hui une œuvre majeure du petit écran . Avec un univers aussi ample, nul doute qu’elle peut surprendre comme décevoir. Qu’en est-il de la dernière saison Freak Show ? Petit rappel des trois saisons précédentes avec notre critique American Horror Story Coven.

L’une des caractéristiques principales de la série réside dans son casting hors pair. On se souvient de la découverte de Zachary Quinto en serial Killer ou d’une Jessica Lange aussi séduisante que dangereuse en sorcière. Et la série ne cesse d’agrandir son casting au fil des saisons avec la présence réjouissante de Michael Chiklis dans cette quatrième saison et celle de Lady Gaga pour la prochaine (intitulée Hotel). AHS a su imposer son style avec une mise en scène remarquable, utilisant parfaitement ses décors à l’architecture atypique. Malgré une première saison en demi-teinte (Murder House), la série a pris au fil des années de l’ampleur avec une tension narrative plus sombre et haletante.

Freak Show s’imposait comme un sujet évident à ses créateurs. Brad Falchuck et Ryan Murphy s’étaient notamment associés pour Nip/Tuck, dont l’atmosphère froide et glauque avait surpris le grand public. En renouant avec les problématiques de l’anormalité et de la monstruosité, thématiques qui leur sont chères, ils ne pouvaient que s’exprimer librement. Mais ont-ils réellement atteint cet objectif ? L’hommage au film Freaks de Tod Browning (notamment dans le 12ème épisode) apparaît à la fois comme un défi et une référence solide et louable.


Le générique de cette nouvelle saison, l’un des plus aboutis de la série, donne le ton. Aussi dérangeant qu’intrigant, il semble sortir de l’atelier des Frères Quay. Bouleversant par son esthétique, il pourrait, à lui seul, faire l’objet d’une étude approfondie. Il est, à mon sens, le meilleur comparé aux précédents de la série. Les créateurs confirment avec cette introduction leur savoir-faire artistique et marketing. Tout le buzz médiatique n’a d’ailleurs fait qu’appuyer le succés de ce générique. Ils ont ainsi annoncé une série basée sur la peur de l’anormalité. Si ce générique est aussi envoûtant que les personnages de la série, c’est sûrement dû au travail de réflexion des scénaristes qui s’appuient sur la réalité. Ainsi, on peut s’amuser à retrouver de nombreuses personnalités freaks qui ont existé par le passé. Cette façon de concevoir la série apporte toujours plus de corps à sa réflexion.

American Horror Story Freak Show American Horror Story Freak Show American Horror Story Freak Show American Horror Story Freak Show

American Horror Story Freak Show

Cependant, ce qui fait aujourd’hui le caractère et le style d’AHS suffit-il à en garantir la qualité ? Avec Freak Show, les qualités de la série se sont muées en traits caricaturaux. Trop d’ambition aurait finalement engluée nos créateurs ? Alors qu’Asylum et Coven offraient une tension scénaristique obsédante, Freak Show n’a pas su trouver un développement à la hauteur du potentiel qu’offrait la problématique de l’anormalité. Dans un premier temps, c’est avec ses personnages que Freak Show le prouve et s’essouffle. L’un des exemples le plus frappants est Jimmy Darling, l’homme aux mains en forme de pinces de homard. Il est le Pinocchio cherchant à devenir humain à tout prix, quitte à perdre ce qu’il a de plus cher. Même s’il est parfaitement campé par Evan Peters, le spectateur va très vite saisir le parcours et les questionnements de ce personnage caricatural. Il est vrai que le Clown Tueur des premiers épisodes nous a fait frissonner par son charisme et le danger qu’il représentait, mais il disparaît malheureusement trop vite pour céder la place à Dandy Mott. Héritier du tueur sanguinaire et inquiétant, Dandy Mott est incarné par l’excellent Finn Wittrock. Le talent de l’acteur ne suffira pas à tirer avantage du personnage tant son développement est sans finesse et grotesque. Malgré un travail toujours aussi remarquable, les interprètes ne parviendront pas à sublimer ces rôles fades, insipides et stéréotypés. Autre élément révélateur, la présence de Neil Patrick Harris qui enfile le costume de Chester Creb. Un rôle qui semble avoir été écrit à la dernière minute pour les beaux yeux du jeune homme.

Si le développement scénaristique déroute quelque peu, la mise en scène a, quant à elle, suivi plus ou moins le même chemin. Elle a fait la gloire d’American Horror Story et a rarement fait l’objet d’une quelconque déception. Même la première saison ne remettait pas en cause cet aspect de la série. Dans Freak Show, les jeux de focales et les fish eyes déstabilisants ne suffisent plus à transcender le décor et les personnages. Aucune architecture forte ne vient appuyer la mise en scène, qui se retrouve comme une orpheline au milieu d’un  chapiteau. Là encore, les créateurs n’ont pas su tirer profit du potentiel offert par ce cadre, qui avait toutes les qualités nécessaires pour sublimer la mise en scène. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. On se rappellera du plan fascinant qui introduisait les jumelles, séparées à l’écran par un rideau d’hôpital. Un plan qui, à l’image de ce début de saison, nous a fasciné. Mais cette exaltation est retombée aussi vite qu’elle nous a emporté. Bette et Dot Tattler sont des personnages charismatiques qui laissaient présager de nombreuses possibilités scénaristiques et esthétiques. Mais avec tant de pistes amorcées, difficile de développer avec intérêt un seul aspect de la série. C’est peut-être là le problème majeur de cette série, trop de possibilités nuit à l’excellence.

American Horror Story Freak Show

La liste des déceptions n’est malheureusement pas exhaustive et mon but n’est pas d’accabler une série qui n’a pas su se renouveler lors de cette dernière saison. Je parlerai donc de ces « rattrapages » qui ont su apporter une bouffée d’air frais. L’un des plus marquants est sans doute l’épisode avec Pepper, très émouvant et qui fait le lien avec Asylum. Ou encore le personnage d’Edward Mordake (un personnage extraordinaire tiré de la réalité), auréolé d’un aspect mystique qui n’est pas sans rappeler le sorcier Papa Legba dans Coven. L’ambiance musicale est encore une fois au rendez-vous et l’univers de Bowie se prête parfaitement à l’ambiance « Freaks ».

Pour conclure, American Horror Story : Freak Show présentait un potentiel indéniable. Il est regrettable que les créateurs n’ont pas su tirer profit de leur thématique de prédilection pour donner un nouveau souffle à la série. Freak Show sort ses meilleures recettes du placard sans les dépoussiérer. De bons acteurs, un bon sujet, un bon décor, n’ont pas su nous faire basculer dans l’horreur, malgré la qualité des premiers épisodes. L’effervescence retombe rapidement et tout ce potentiel semble reposer sur des acquis. Espérons que l’arrivée de Lady Gaga bouleversera un peu l’affaire et apportera cet élan de liberté dont la série aurait besoin (bien qu’il s’agisse là d’une réflexion personnelle ironique et grinçante!). J’espère simplement que cette série osera à nouveau retomber dans une pure American Horror Story.

PS : Un petit hommage à Ben Woolf (qui a brillamment interprété Meep) dont la présence et le talent manquera assurément à la série.

American Horror Story Freak Show

  Synopsis : L'une des dernières foires aux phénomènes du pays lutte pour rester populaire à l'aube de l'ère de la télévision. Lorsque la police fait une macabre découverte dans une ferme, l'excentrique directrice de la foire y voit une opportunité de mener sa troupe à sa consécration ou à sa chute.  Critique : AHS est une série d'anthologie horrifique aux multiples possibilités scénaristiques. Elle exploite de nombreux univers (Sérial killer, Sorcellerie, fantômes etc.) et laisse l’opportunité à ses créateurs de s’appuyer sur des figures cultes du monde horrifique. AHS est aujourd’hui une œuvre majeure du petit écran . Avec un univers aussi ample, nul doute qu’elle peut surprendre comme décevoir. Qu’en est-il de la dernière saison Freak Show ? Petit rappel des trois saisons précédentes avec notre critique American Horror Story Coven. L’une des caractéristiques principales de la série réside dans son casting hors pair. On se souvient de la découverte de Zachary Quinto en serial Killer ou d’une Jessica Lange aussi séduisante que dangereuse en sorcière. Et la série ne cesse d’agrandir son casting au fil des saisons avec la présence réjouissante de Michael Chiklis dans cette quatrième saison et celle de Lady Gaga pour la prochaine (intitulée Hotel). AHS a su imposer son style avec une mise en scène remarquable, utilisant parfaitement ses décors à l’architecture atypique. Malgré une première saison en demi-teinte (Murder House), la série a pris au fil des années de l’ampleur avec une tension narrative plus sombre et haletante. Freak Show s’imposait comme un sujet évident à ses créateurs. Brad Falchuck et Ryan Murphy s’étaient notamment associés pour Nip/Tuck, dont l’atmosphère froide et glauque avait surpris le grand public. En renouant avec les problématiques de l’anormalité et de la monstruosité, thématiques qui leur sont chères, ils ne pouvaient que s’exprimer librement. Mais ont-ils réellement atteint cet objectif ? L’hommage au film Freaks de Tod Browning (notamment dans le 12ème épisode) apparaît à la fois comme un défi et une référence solide et louable. Le générique de cette nouvelle saison, l’un des plus aboutis de la série, donne le ton. Aussi dérangeant qu’intrigant, il semble sortir de l’atelier des Frères Quay. Bouleversant par son esthétique, il pourrait, à lui seul, faire l’objet d’une étude approfondie. Il est, à mon sens, le meilleur comparé aux précédents de la série. Les créateurs confirment avec cette introduction leur savoir-faire artistique et marketing. Tout le buzz médiatique n’a d’ailleurs fait qu’appuyer le succés de ce générique. Ils ont ainsi annoncé une série basée sur la peur de l’anormalité. Si ce générique est aussi envoûtant que les personnages de la série, c’est sûrement dû au travail de réflexion des scénaristes qui s’appuient sur la réalité. Ainsi, on peut s’amuser à retrouver de nombreuses personnalités freaks qui ont existé par le passé. Cette façon de concevoir la série apporte toujours plus de corps à sa réflexion. Cependant, ce qui fait aujourd’hui le caractère et le style d'AHS suffit-il à en garantir la qualité ? Avec Freak Show, les qualités de la série se sont muées en traits caricaturaux. Trop d’ambition aurait finalement engluée nos créateurs ? Alors qu’Asylum et Coven offraient une tension scénaristique obsédante, Freak Show n’a pas su trouver un développement à la hauteur du potentiel qu’offrait la problématique de l’anormalité. Dans un premier temps, c’est avec ses personnages que Freak Show le prouve et s’essouffle. L’un des exemples le plus frappants est Jimmy Darling, l’homme aux mains en forme de pinces de homard.…

6

10

NOTE

6

Note des internautes : Soyez le premier à voter !
6


 

 

Série : American Horror Story (Saison 4)

Créée par : Ryan Murphy, Brad Falchuk

Acteurs : Jessica Lange, Michael Chiklis, Evan Peters, Finn Wittrock , Frances Conroy, Sarah Paulson, Kathy Bates, Angela Bassett,Denis O’Hare…

Pays d’origine : Etats-Unis

Chaine d’origine : FX

American Horror Story Freak Show

Articles suggérés

6

10

The Strain saison 1

Tetsuo

Bates Motel Teaser Saison 4

Sadako

Torment (Note : 5/10)

Tetsuo

1 commentaire

Cypress Green 13 avril 2015 at 13 h 57 min

Il a manqué à cette saison un vrai fil rouge, toutes les histoires sont éparpillées et donc un manque de *recentrage*. Mais j’y ai pris mon pied quand même. Le générique est formidable, votre paragraphe est vraiment top dessus. Un casting au top, un cadrage impeccable, des situations angoissantes, mais il manque un peu de substance pour en faire un réel hommage aux Freaks.
Vivement la prochaine saison, car ça fait du bien ce genre d’œuvre, même s’il y a plus de bas que de haut.
PS : ne regardez pas le trailer de la série Scream, pitié ne le regardez pas xD

Répondre

Laissez un commentaire

Au Coeur de l'Horreur utilise des cookies pour vous offrir une expérience utilisateur de qualité, mesurer l’audience et optimiser les fonctionnalités des réseaux sociaux. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies dans les conditions prévues par notre politique de confidentialité. En savoir plus et gérer les cookies. Accepter En savoir plus