Au coeur de l'horreur

Curtain

Synopsis

Fatiguée de son rythme de vie, une jeune femme tente de repartir à zéro et emménage dans un nouvel appartement dont la salle de bain recèle un monstrueux secret : un rideau de douche qui ouvre sur une dimension parallèle…

Critique

Certains films sont de véritables curiosités. C’est le cas pour Curtain, premier long métrage de Jaron Henrie-McCrea. Ce film d’horreur indépendant a été en parti financé à l’aide d’un système de crowdfunding. Un système bénéfique au cinéma de genre qui offre la possibilité à ce type d’ovni d’exister, ce qui n’aurait malheureusement pas été le cas dans un contexte de production classique. Malgré un charme indéniable, qui nous renvoie au cinéma trash des années 80, Curtain nous laisse perplexe et l’on s’interroge sur sa finalité. On en vient même à se demander si le rapprochement avec les films d’horreur de l’époque suffit aujourd’hui à satisfaire les fans du genre ?

Danni est une jeune femme qui tente de reprendre sa vie en main et emménage dans un nouvel appartement. Ancienne infirmière, celle-ci travaille aujourd’hui en tant que militante sur la maltraitance des baleines avec son collègue Tim. Seulement, Danni s’aperçoit d’un phénomène étrange dans sa nouvelle salle de bain. En effet, quand celle-ci attache un rideau de douche et quitte la pièce, celui-ci disparaît, aspiré par le mur. Danni tente l’expérience à plusieurs reprises et constate toujours le même résultat. Elle prend l’initiative de filmer le phénomène et de montrer la vidéo à son collègue Tim. Ce dernier est emballé par cette découverte et décide d’enquêter. Il a l’idée de marquer leurs coordonnées sur le rideau de douche en espérant un appel afin de savoir où celui-ci disparaît.

Curtain nous propose donc un point de départ complètement ahurissant : un mystérieux portail qui donne accès à une dimension parallèle pour les rideaux de douche ! Une idée qui prête à sourire, d’une simplicité déconcertante et qui attise notre curiosité. Dans un premier temps, l’histoire est fluide et l’on suit l’enquête de nos personnages avec un plaisir enfantin et innocent. La dimension fantastique de cette histoire n’est pas sans nous rappeler l’univers de The Twilight Zone. Le ton du film est léger et on s’attache aux deux personnages principaux, totalement différents dans leur caractère. C’est justement ce contraste qui rend la relation entre Danni et Tim intéressante.

Mais la situation évolue de façon inquiétante. La stratégie mise en place par Tim porte ses fruits. Un homme mystérieux les contacte et affirme avoir retrouvé le fameux rideau de douche. Ce nouveau personnage marque un tournant de l’histoire. Celui-ci semble être complètement fou, dangereux et inconscient. Le film bascule doucement dans une ambiance de plus en plus oppressante. Danni est malgré elle emportée dans un rituel effrayant et reçoit des menaces face à son obstination à accrocher un rideau de douche. Ce geste anodin semble avoir des conséquences dévastatrices et monstrueuses.

Une seule expression nous vient en tête en regardant Curtain : c’est du grand n’importe quoi ! Mais finalement, pourquoi pas ? L’idée est originale, les personnages sont cools et l’ambiance complètement barrée nous renvoie à la folie du genre des années 80. Une folie qui nous rappelle celle de Frank Henenlotter, avec des films tels que Basket Case, Brain Damage, ou encore Street Trash, l’unique film de James Michael Muro (et quel film !). La mise en scène, elle aussi, nous replonge dans celle de l’époque avec des effets grand angle. Des objectifs qui créent un effet grossissant sur les visages, et renforce, par exemple, la folie de certains personnages. Si l’effet peut parfois se justifier, il est utilisé à outrance, en particulier pour mettre en avant ce décor inintéressant qu’est l’appartement. Alors que tout le mystère plane autour de ce nouvel appartement et surtout de la salle de bain, Jaron Henrie-McCrea se contente de nous proposer un décor bien fade et à l’architecture inintéressante. On sent d’ailleurs que le réalisateur peine dans sa mise en scène à apporter de la substance à ce décor insignifiant (alors qu’il devrait être considéré comme un personnage à part entière). On notera également l’effet de la vue subjective dans les bois, sorte de vision infrarouge qui nous fait penser au film Wolfen de Michael Wadleigh. L’ambiance année 80 se reflète également dans la musique du film. L’utilisation du synthé électronique n’est pas sans nous rappeler le travail de John Carpenter et Alan Howarth.

Mais c’est dans son dernier acte que Curtain brise tout son charme. Le film lève le mystère sur les conséquences de ce portail dimensionnel. L’apparition de monstres dégueulasses est plutôt bienvenue, d’autant plus que les effets spéciaux sont tout à fait raisonnables pour un film fauché. Seulement, la résolution de cette histoire n’a ni queue ni tête, et les décisions prisent par nos personnages sont stupides et incompréhensibles. Ils étaient jusqu’à maintenant plutôt bien développés, alliant avec beaucoup de finesse leur côté à la fois ridicule, humoristique et touchant. Et tel était tout l’intérêt de Curtain, nous proposer une histoire complètement loufoque en la traitant de manière très premier degré au point qu’on y adhère sans y réfléchir. C’est ce subtil mélange que l’on perd dans le dernier acte. L’émotion que tente d’instaurer le film par sa révélation finale ne prend pas. Un dernier acte qui a tardé à venir en raison d’une narration parfois un peu trop longue (et pourtant, le film ne dure que 74min, c’est dire…). Et au final on se dit tout ça pour ça…

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NOTE

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Informations

Curtain

Titre original : Curtain

Réalisation : Jaron Henrie-McCrea

Scénario : Jaron Henrie-McCrea, Carys Edwards

Casting : Danni Smith, Tim Lueke, Martin Monahan…

Pays d’origine : Etats-Unis

Genre : Horreur

Durée : 74 minutes

Date de sortie : 18 novembre 2015

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