Au coeur de l'horreur

The Walking Dead Saison 5

 

La saison 4 de The Walking Dead nous avait laissé un goût amer d’inachevé. Le retour du Gouverneur, personnage hautement grotesque et épuisé jusqu’à la corde, et les pérégrinations interminables de nos protagonistes, séparés après l’assaut de la prison, offraient une saison en dents de scie, alourdie par une trop grande prévisibilité et de pesantes longueurs. Mais l’épisode final se clôturait sur un cliffhanger digne d’intérêt, qui avait suscité suffisamment d’enthousiasme pour que l’on se rue sur cette cinquième saison. Contrairement aux saisons précédentes, la cinquième débute là où nous avait laissés la quatrième (sans recourir à des ellipses). Le groupe de Rick est en mauvaise posture, enfermé dans un conteneur par la communauté du Terminus. De son côté, Abraham escorte le génie Eugène jusqu’à Washington en quête d’un remède miracle contre l’épidémie zombie. Cette double trame scénaristique est suffisamment riche pour offrir une intrigue complexe et captivante. Car il se passe beaucoup de choses dans cette cinquième saison, et même si certains épisodes se concentrent sur les pensées et le passé de certains personnages, ils n’entravent en rien l’action, qui se déploie dans un crescendo de tension particulièrement efficace. Car l’altercation de Terminus n’est qu’un prologue qui sera résolu en trois épisodes, laissant la place à une nouvelle intrigue, la rencontre entre le groupe de Rick et d’autres communautés humaines.

Les deux moitiés qui composent cette saison sont si différentes qu’elles auraient pu à elles seules faire l’objet d’une saison entière. La première partie s’articule autour des retrouvailles des membres du groupe, essaimés après l’attaque de la prison. Au cours de leur fuite, nos protagonistes font la rencontre d’un pasteur, Père Gabriel (campé par Seth Gilliam, connu des fans de The Wire en tant qu’Ellis Carver), vivant reclus dans son Eglise. Gabriel cache un lourd passé à l’origine de son angoisse existentielle et de ses remises en question mystiques. Un personnage discret mais déterminant, qui fait planer une menace constante et imprévisible sur nos héros. Une fois réunis, nos protagonistes vont partir à la recherche de Beth, tenue captive dans un hôpital. Sans dévoiler tous les éléments dramatiques, cette première saison remplit son rôle avec brio et offre une introduction mouvementée et efficace, trouvant son point d’orgue dans un mid-season final particulièrement sombre et poignant.

La deuxième partie de la saison s’ouvre sur une peinture représentant une paisible demeure dans les bois. Mais des gouttes de sang viennent entacher ce paysage idyllique pour former une masse sombre rougeâtre qui met fin à cette rêverie ingénue. Une métaphore picturale du destin qui attend nos personnages, bercés par la quête illusoire d’un refuge accueillant dans un environnement hostile et destructeur. Cette seconde partie s’attarde davantage sur le développement et l’évolution des personnages. Le plus intéressant est sans conteste Rick, qui affiche une noirceur jusqu’ici qu’entraperçue et esquissée. L’impératif de survie qui préside désormais à ses décisions semble prendre le pas sur toute autre considération, notamment morale. Rick oscille ainsi entre la figure paternaliste du chef de groupe qui cherche à protéger sa « famille », et le despote prêt à tous les sacrifices pour remplir cette fonction. Rick a désormais la gâchette facile et il ne faudra pas le titiller bien longtemps pour qu’il dégaine son colt et réduise la tête de son opposant en bouillie. L’évolution du personnage est progressive et de ce fait, subtile, finissant par créer un sentiment de malaise. Le schéma s’en trouve bouleversé et l’empathie qu’éprouve le spectateur à l’égard des protagonistes se fissure petit à petit. Car nos héros ne sont plus seulement les sempiternelles victimes de communautés hostiles, mais finissent progressivement par constituer eux-mêmes une menace. La série brouille ainsi habilement les repères éthiques et insinue le doute quant au caractère juste des décisions de Rick : ses réactions sont-elles justifiées par les événements ou sont-ce ses décisions qui les créent ?

L’aspect psychologique de TWD a souvent été salué si bien que la série est désormais auréolée d’une sorte de statut « auteuriste » (comparée aux autres productions du genre qui misent uniquement sur des effets gores tapageurs). Pourtant, cette apparente profondeur n’est pas la qualité la plus appréciable de cette saison. Au contraire, elle déçoit par sa superficialité et son manque d’originalité. Le passé d’Abraham nous est relaté avec platitude et les hallucinations de Tyreese sont lénifiantes, voire agaçantes. Certains épisodes (en particulier les épisodes 9 et 10) cassent le rythme de la saison et ne semblent avoir pour seule fonction que d’étendre la longueur de la série. Par ailleurs, le soin apporté au développement psychologique des personnages est inégal. Si la métamorphose de Rick est convaincante, celle du prêtre et de Sasha le sont moins (surtout que le personnage du prêtre a la fâcheuse tendance à disparaître pendant 2 épisodes et à refaire surface de manière inopinée pour foutre la merde…). Ces faiblesses sont sans doute imputables à la volonté, peut-être trop ambitieuse des scénaristes, d’agrandir et de développer le groupe des protagonistes (15 membres dans le groupe de Rick, sans compter les autres communautés…). On pardonnera donc avec bienveillance certaines facilités scénaristiques, d’autant plus qu’elles trouvent bien souvent leur justification par la suite (le rôle de Sasha étant par exemple limité dans cette saison).

D’un point de vue visuel, la série maintient toujours un haut degré d’exigence et de qualité, s’efforçant sans cesse de dépasser les limites imposées par les saisons précédentes (vous pouvez (re)découvrir la vidéo sur la fabrication des zombies de The Walking Dead). TWD n’a désormais plus besoin de prouver ses qualités et fait désormais figure de référence dans le genre par le soin apporté aux détails (une tête de zombie explosée et les lambeaux qui restent accrochés aux branches). Exit les zombies en CGI de Z Nation et consorts. Les effets spéciaux de TWD ont atteint un degré de réalisme bluffant, où la chaire malléable des zombies se désagrège et explose au moindre choc. L’épisode 12 nous offre d’ailleurs une scène d’éviscération dans la plus pure tradition de Roméro, avec un plan fixe de plusieurs secondes sur des zombies se repaissant de viscères (miam miam !). Une belle référence filmique qui est de plus en plus rare dans les films du genre (il faut dire que les effets numériques permettent difficilement ce genre de prouesse sanguinolente. Romero, lui, utilisait des tripes de porc…). Toutefois, cette saison est plus avare en effets gores, notamment dans sa deuxième partie, plus lente et psychologique.

Cette cinquième saison confirme que TWD est une grande série et qu’AMC est capable de s’imposer dans tous les genres. Cette saison est probablement la meilleure de la série, qui revêt désormais le statut de « classique » incontournable du genre. On espère que la série préservera ce niveau de qualité et nous offrira une sixième saison aussi passionnante.

  La saison 4 de The Walking Dead nous avait laissé un goût amer d’inachevé. Le retour du Gouverneur, personnage hautement grotesque et épuisé jusqu’à la corde, et les pérégrinations interminables de nos protagonistes, séparés après l’assaut de la prison, offraient une saison en dents de scie, alourdie par une trop grande prévisibilité et de pesantes longueurs. Mais l’épisode final se clôturait sur un cliffhanger digne d’intérêt, qui avait suscité suffisamment d’enthousiasme pour que l’on se rue sur cette cinquième saison. Contrairement aux saisons précédentes, la cinquième débute là où nous avait laissés la quatrième (sans recourir à des ellipses). Le groupe de Rick est en mauvaise posture, enfermé dans un conteneur par la communauté du Terminus. De son côté, Abraham escorte le génie Eugène jusqu’à Washington en quête d’un remède miracle contre l’épidémie zombie. Cette double trame scénaristique est suffisamment riche pour offrir une intrigue complexe et captivante. Car il se passe beaucoup de choses dans cette cinquième saison, et même si certains épisodes se concentrent sur les pensées et le passé de certains personnages, ils n’entravent en rien l’action, qui se déploie dans un crescendo de tension particulièrement efficace. Car l’altercation de Terminus n’est qu’un prologue qui sera résolu en trois épisodes, laissant la place à une nouvelle intrigue, la rencontre entre le groupe de Rick et d’autres communautés humaines. Les deux moitiés qui composent cette saison sont si différentes qu’elles auraient pu à elles seules faire l’objet d’une saison entière. La première partie s’articule autour des retrouvailles des membres du groupe, essaimés après l’attaque de la prison. Au cours de leur fuite, nos protagonistes font la rencontre d’un pasteur, Père Gabriel (campé par Seth Gilliam, connu des fans de The Wire en tant qu’Ellis Carver), vivant reclus dans son Eglise. Gabriel cache un lourd passé à l’origine de son angoisse existentielle et de ses remises en question mystiques. Un personnage discret mais déterminant, qui fait planer une menace constante et imprévisible sur nos héros. Une fois réunis, nos protagonistes vont partir à la recherche de Beth, tenue captive dans un hôpital. Sans dévoiler tous les éléments dramatiques, cette première saison remplit son rôle avec brio et offre une introduction mouvementée et efficace, trouvant son point d’orgue dans un mid-season final particulièrement sombre et poignant. La deuxième partie de la saison s’ouvre sur une peinture représentant une paisible demeure dans les bois. Mais des gouttes de sang viennent entacher ce paysage idyllique pour former une masse sombre rougeâtre qui met fin à cette rêverie ingénue. Une métaphore picturale du destin qui attend nos personnages, bercés par la quête illusoire d’un refuge accueillant dans un environnement hostile et destructeur. Cette seconde partie s’attarde davantage sur le développement et l’évolution des personnages. Le plus intéressant est sans conteste Rick, qui affiche une noirceur jusqu’ici qu’entraperçue et esquissée. L’impératif de survie qui préside désormais à ses décisions semble prendre le pas sur toute autre considération, notamment morale. Rick oscille ainsi entre la figure paternaliste du chef de groupe qui cherche à…

9

10

NOTE

9

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9


 

The Walking Dead Saison 5

Création : Frank Darabont, Robert Kirkman

Production : Robert Kirkman, Frank Darabont, David Alpert

Acteurs : Andrew Lincoln, Norman Reedus, Steven Yeun, Melissa McBride, Lauren Cohan, Danai Gurira…

Pays d’origine : États-Unis

Chaine : AMC

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