Au coeur de l'horreur

Etrange Festival 2015 – Cérémonie de clôture

Cette 21ème édition de l’Etrange Festival s’est achevée par la consécration de deux longs métrages : La peau de Bax d’Alex Van Warmerdan (Grand Prix Nouveau Genre), et Moonwalkers d’Antoine Bardou-Jacquet (Prix du Public). Deux films que nous n’avons malheureusement pu voir, mais qui semblaient toutefois prometteurs. Côté courts métrages, un film horrifique, The Grey Matter de Luke et Peter Mc Coubrey, a obtenu le Grand Prix Canal +, tandis que Splintertime de Rosto, un court métrage d’animation expérimental, a gagné les faveurs du public.

Cette année encore, le Festival nous a offert une large palette de productions horrifiques, allant de la comédie (Stung, Cooties), au thriller (The Invitation), en passant par les films de fantômes et de possession (Ghost Theatre, Baskin). A cette diversité de genres/sous-genres s’ajoute une diversité géographique puisque de nombreux pays étaient représentés, tels que le Japon, la Turquie, le Mexique ou encore l’Inde. L’Etrange Festival confirme ainsi son statut de “découvreur et d’archéologue des marges du cinéma mondial”. On apprécie notamment d’avoir pu découvrir le brutal Scherzo Diabolico, qui témoigne de toute la vitalité du cinéma de genre latino-américain.

Le résultat est cependant inégal, et les déceptions malheureusement trop nombreuses. D’autant plus que lors de la cérémonie d’ouverture, Frédéric Temps, le directeur du festival, n’avait pas hésité à présenté cette 21ème édition comme la meilleure de l’histoire du Festival. Une déclaration déconcertante au vu de certains films sélectionnés… On commencera par Stung qui, malgré des effets spéciaux probants et la présence au casting de Lance Henriksen, a fait pschitt. Autre déception, Ghost Theatre d’Hideo Nakata, diffusé en avant-première mondiale. Le réalisateur, présent pour l’occasion, semble désormais condamné à se répéter inlassablement, quitte à singer ses oeuvres antérieures.

A ces déconvenues s’ajoutent de dramatiques accidents artistiques tels que Bunny The Killer Thing, l’une des comédies horrifiques les plus désastreuses de ces dernières années, et The Dark Below, un thriller grossier versant dans le pathos.

Ces déceptions n’ont toutefois pas entaché notre plaisir et plusieurs belles surprises ont émaillé cette 21ème édition. On retiendra notamment :

  • The Invitation de Karyn Kusama : Un thriller intimiste parfaitement maîtrisé, à la fois oppressant, sanglant et envoûtant.
  • Turbo Kid du collectif québécois Roadkill Superstar : Un hommage drôle, touchant et sanglant aux films d’action des années 80.
  • Baskin de Can Evrenol : un film poisseux et percutant, servi par une réalisation impeccable et une photographie sublime.
  • Sherzo Diabolico d’Adrián García Bogliano : Une oeuvre atypique mais fiévreuse, qui mélange avec brio différentes influences et offre un spectacle brutal sans concession.
  • Tales of Halloween : Une anthologie savoureuse à l’esprit totalement décalé.
  • Yakuza Apocalypse de Takashi Miike : Des yakuzas vampires, un homme-grenouille en guise de boss final… Takashi Miike est toujours aussi barré et ça nous suffit!
  • NH10 de : Un survival dans la lignée d’Eden Lake qui dénonce, sous forme de confrontation sanglante, les divisions sociales qui traversent l’Inde.

Il convient également de souligner l’excellente initiative du festival, celle d’avoir organisé une nuit blanche horrifique pour le plus grand plaisir des fans de genre.

Si les conditions de projections sont optimales, on pourrait toutefois reprocher l’absence récurrente de sous-titres français au profit de l’anglais. Cette absence nuit réellement à la compréhension de certains films (on pense notamment au film coréen Gangnam Blues, à l’intrigue particulièrement complexe et fouillée). Sans parler des courts métrages anglophones, qui n’étaient même pas sous-titrés… Difficile de comprendre une décision qui risque d’enfermer le festival dans un statut élitiste en évinçant bon nombre de jeunes cinéphiles ne maîtrisant pas nécessairement la langue de Shakespeare…

Côté court métrage, l’horreur était également au rendez-vous même si les films expérimentaux prennent encore trop de place à notre goût. On pourrait notamment s’étonner que Bad Guy#2, pourtant diffusé l’année dernière au PIFFF, fasse partie de la programmation de cette édition 2015.

Un bilan en demi-teinte donc, qui ne saurait masquer les nombreuses pépites découvertes et nous invite, une fois de plus, à attendre avec impatience la prochaine édition.

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